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Un peu d'histoire ...
   
Statuete égyptienne vieille de 6.000 ans
L'usage du préservatif remonte à plusieurs millénaires. Une statuette égyptienne vieille de 6.000 ans montre déjà un Egyptien muni d'un " étui " anti-contraceptif. Au cours de la XIX dynastie (1350 - 1200 avant notre ère) le " préservatif " en lin était destiné à se protéger des maladies.
Statuette égyptienne
vieille de 6.000 ans
 
Egyptien de la XIX Dynastie
Etui anti-contraceptif égyptien de la XIX Dynastie (1350 - 1200 avant notre ère)
     
La première évidence de l'utilisation du " préservatif " en Europe remonte vers 100-200 de notre ère, sur des peintures rupestres à Combarelles en France.
     
L'existence du préservatif se précise autour du Xème siècle de notre ère en Asie. Les Chinois optent pour le papier de soie huilée et les Japonais connaissent sous le nom de Kabuta-gata, des accessoires fabriqués en écailles de tortues ou en cuir que l'on rangeait dans des " boîtes joyeuses ". Ces préservatifs pouvaient, grâce à leur rigidité, servir tout aussi bien de godemichés
Boîte Joyeuse
    Boîte Joyeuse avec au centre le "Kabuta-gata" en écaille de tortue
 
Gabriel Fallope
La première publication connue concernant la description d'essais d'utilisation de préservatifs prophylactique vient d'Italie. C'est l'anatomiste et chirurgien italien Gabriel Fallopio, plus connu sous le nom de Gabriel Fallope, né à Modène en 1523, qui est l'inventeur du "fourreau d'étoffe légère, fait sur mesure, pour protéger des maladies vénériennes". Il a aussi conduit des essais sur 1.100 hommes utilisant le préservatif, aucun de ces hommes n'ayant été infecté par la " carie française " ou syphilis. Jusqu'à sa mort en 1562, ce chirurgien élève de Vesale, occupa à Padoue la chaire d'anatomie et de chirurgie; il fut surnommé l'Esculape de son siècle et fut appelé à soigner Jules II et François 1er.
     

L'abbé Spallanzani, vers la fin du XVIII° siècle avait observé que la pose sur les grenouilles mâles de petits caleçons de lin ciré n'empêchait pas l'accouplement mais interdisait toute fécondation. Par contre, l'adjonction aux œufs du fluide mâle contenu dans les caleçons entraînait la fécondation...Il fait lui aussi partie des découvreurs du préservatif masculin.

Ayant été reconnu utile pour la prévention des infections, ce n'est que plus tard que son utilité contre les grossesses non désirées sera reconnue. plus tard dans le courant du siècle, une amélioration sera apportée au préservatif, lorsque le lin sera trempé dans une solution chimique et ensuite séché avant emploi. Ce fut les premiers spermicides sur les préservatifs.

 
Préservatif de 1700
Préservatif en lin du début
18ème siècle
 
Tout a commencé, sur le plan commercial, avec la conférence internationale ouverte à Utrecht en 1712 et qui devait aboutir, un an plus tard, à la signature d'un traité mettant fin à la guerre de succession d'Espagne. La ville d'Utrecht, littéralement envahie plusieurs mois par des hommes d'Etat et de hauts personnages venus d'Espagne, d'Angleterre, de France etc... attira une foule de dames galantes. Venues là pour distraire ces messieurs, elles ouvrirent des maisons ou reçurent les diplomates dans leurs appartements.
     
Malheureusement, plusieurs d'entre elles avaient apporté, dans leurs bagages, quelques maladies vénériennes. La chose n'étant pas un secret, un artisan eu l'idée de traiter à sa façon le caecum de mouton, dont les parcheminiers tiraient des pellicules fines et transparentes pour faciliter la cicatrisation des plaies ulcérées et des brûlures. Reprenant un procédé ancien, il utilisa ce caecum de mouton en lui conservant sa forme de fourreau et en le fermant d'un côté; il obtint ainsi un préservatif. Grâce à lui, on peut alors acheter cet article dans une boutique située à l'angle de Beynijn Hof...
Préservatif du 18ème siècle en boyau de mouton
Préservatif en caecum de mouton orné d'un ruban
 

Dès que la conférence fut terminée, tous les diplomates regagnèrent leurs pays et plusieurs personnalités britanniques rapportèrent, en souvenir, quelques spécimens de ces petites cuirasses protectrices.

Des industriels et des hommes d'affaires décidèrent de fabriquer et de mettre en vente, sous le nom de "Condom", ces appareils d'hygiène. "Condom" était une transcription du verbe latin "Condere" qui signifie "cacher ou protéger".

 

En 1725, un français, L.-M. Marie fit un voyage en Angleterre et raconta à son retour en France qu'il avait vu à Londres "deux grandes et belles boutiques dans les rues les plus passantes, fournies de jeunes demoiselles qui s'occupaient ouvertement de la fabrication de ces petits sacs".

En 1736, dans ses De Morbis venereis, le docteur Jean Astruc parle de ces débauchés qui "'emploient depuis quelque temps des sacs faits d'une membrane fine et sans couture, de la forme d'un étui...appelés capotes anglaises".

Une gravure anglaise de 1744 montre des ouvriers préparant des Condoms. En 1750, un colporteur nommé Jardin fut condamné à la relégation après sept mois d'emprisonnement pour avoir été trouvé porteur de "28 Condoms de vessie bordés d'un petit ruban rouge".

     
Publicité du Gros Millan pour sa maison de confiance fondée en 1780
Le terme "préservatif" apparut dans une réclame discrète en 1780, lorsque la "Maison du Gros Millan" ouvrit ses portes à Paris au 22 de la rue Beaujolais, au Palais-Royal, important centre de prostitution à l'époque. Son prospectus donne les précisions suivantes :"Fabrique de préservatifs de toute sécurité...bandages, suspensoirs, articles d'hygiène...Exportation discrète pour la France et l'étranger".
 
 
Le mot "préservatif" fut rapidement remplacé par "Redingote anglaise". On trouve cette appellation dans la première édition de la "Correspondance de Madame Gourdan", publiée de son vivant. Madame Gourdan, dite la "Petite Comtesse" était l'une des plus célèbres tenancières de maison de débauche du XVIII° siècle et l'on ne s'étonnera pas de lire dans cet ouvrage une lettre que lui adressait un commerçant avisé le 7 avril 1783 :

"J'ai à votre service, Madame, une eau préservatrice pour les maladies vénériennes etc... et des Redingotes d'Angleterre".

Cette fameuse correspondance de la Gourdan n'était en réalité qu'un pamphlet mais le texte de cette fausse lettre prouve que les clients de cette matrone, nobles seigneurs et hauts dignitaires ecclésiastiques, utilisaient volontiers

Gravure de 1760
"A la capote angloise", la première condomerie !
Gravure de 1760

des Condoms qu'ils apellaient "Redingotes d'Angleterre".

Dans ses "Mémoires Secrets", Louis Petit de Bachaumont précise que le 3 octobre 1783, au cours d'un souper galant, l'hôtesse a eu la délicatesse de faire distribuer des "Redingottes d'Angleterre" à ses invités...

     
Préservatif brodé
Conçu à partir d'un intestin animal, ce préservatif français d'environ 20 centimètres et datant du début XIX siècle possède un galon de soie lui permettant d'être maintenu sur le sexe. Mais ce qui en fait une pièce historique à part entière demeure la scénette présente sur le préservatif : une religieuse désignant d'un doigt assuré, parmi trois ecclésiastiques en érection, son futur amant, annonce : "Voilà mon choix !"
     
Casanova soufflant dans un condom
Le Marquis de Sade, Casanova et les libertins du XVIII° siècle se servirent de l'idée comme préservatif antivénérien mais bien vite l'objet passa des "mauvais lieux" et de l'alcôve de l'adultère au lit conjugal où il remplaça le "retrait".

Sade utilise le terme de "Condom" dans le troisième dialogue de la "Philosophie dans le Boudoir" :

 

Ci-dessus, Casanova bien entouré souffle dans un condom. Ci-dessous, sur cette gravure de 1744, c'est également en soufflant que l'on vérifie la fiabilité du préservatif
Gravure de 1744

" D'autres obligent leurs fouteurs de se servir d'un petit sac de peau de vessie, vulgairement nommé Condom, dans lequel la semence coule sans risque d'atteindre le but...!".

En 1776, une certaine Mme Philipps fit paraître à Londres des annonces signalant que sa boutique était toujours pourvue de ces "dispositifs de sécurité qui assuraient la santé de ses clients"...

     
En membrane animale, les préservatifs pouvaient être réparables. Le texte suivant, datant de 1808, en est la preuve. " Si la membrane travaillée a été légèrement perforée, alors on bouche les trous en collant des lambeaux membraneux dessus et de pareils condoms sont souvent vendus sans garanties. On s'aperçoit de ces reprises à l'éclat particulier de la colle lorsqu'on examine la membrane du côté des retouches à l'intérieur de la capote. L'humidité détache souvent pendant le coït, les pièces collées sur les trous et la membrane même la mieux raccommodée peut alors se déchirer complètement au moment où sont intégrité importe le plus ".

Personne n'avait songé à discuter l'étymologie du substantif "Condom" lorsqu'en 1817, le médecin allemand Francois Xavier Swediaur, né en Autriche en 1748, affirma que ce nom de Condom était celui de l'inventeur de l'ustensile, le docteur Condom, médecin anglais du XVIII° siècle. Ce Docteur Swediaur était célèbre; il était installé à Paris depuis les premiers jours de la Révolution, après avoir travaillé à Londres et publié de nombreux ouvrages en latin, en anglais et en français. Lié avec Danton, il se fit naturaliser français. Spécialiste des maladies vénériennes, son œuvre principale publiée en 1798 est un "Traité complet des maladies syphilitiques". Il n'était pas question de refuser la version d'un aussi éminent spécialiste et l'histoire du Docteur condom fut adoptée par les encyclopédistes et auteurs de Dictionnaires : Pierre Larousse, Louis-Nicolas Bescherelle, Emile Littré... On sait aujourd'hui que ce docteur Condom n'a jamais existé ailleurs que dans l'esprit inventif de Swediaur.

Une autre version de l'origine étymologique du condom affirme que cette invention serait le fait des bouchers des abattoirs de la ville de Condom, au cœur du Gers (traversée par la rivière Baïse) qui eurent l'idée, grâce à des morceaux d'intestins d'animaux, de se prémunir contre les maladies vénériennes. Si les abattoirs, et donc les bouchers, étaient particulièrement nombreux dans la région, rien ne permet d'affirmer que ces derniers soient responsables de la découverte du mot ou de l'objet qui s'y rattache.

Le nom condom donné à ses fourreaux serait, en fait, la simple transcription du nom condum, choisi par les Anglais et provenant du verbe latin condere, qui signifie cacher, protéger.

Les noms de "Condom" et "Redingote anglaise" furent dans le langage courant remplacés par "Capote anglaise ", encore employée de nos jours. On le rencontre dès le Second Empire dans le premier vers de l'une des poésies de Théophile Gautier, publiées clandestinement à Bruxelles en 1864, sous le titre de "Parnasse satyrique du XIX° siècle". En 1887, cette appellation "Capote anglaise" apparaît dans le "Journal des Goncourt" à propos de Victor Hugo :

"Léon Daudet, qui m'accompagne et qui a assisté à l'ouverture de la maison de Hugo, disait que les armoires étaient bondées de "Capotes anglaises" d'un format gigantesque...et que c'était gênant de les faire disparaître en la présence de Madame Charles Hugo...!".

     
Publicité pour l'Inusable
Le préservatif de caoutchouc est né lui après l'invention de la vulcanisation par Goodyear en 1839. En 1844 Goodyear et Hancock commence la production en masse de préservatifs fait à base de caoutchouc vulcanisé. La vulcanisation est un procédé qui rend le caoutchouc brut en produit élastique très résistant. Les préservatifs en caoutchouc du début du siècle étaient lavables et réutilisables. " … si l'on veut se servir d'un préservatif en caoutchouc à plusieurs reprises, il faut d'abord le choisir plus grand à cause de son rétrécissement et le laver dans une solution de sublimé et l'essuyer à chaque fois que l'on s'en est servi. Après une insufflation d'air pour s'assurer de son intégrité et de sa résistance et pour enlever les plis, on saupoudre le condom à l'aide de lyocopode acheté à la pharmacie ou de talc que l'on se procure chez le marchand de couleur, et après avoir tourné et retourné le condom dans cette poudre, on l'enroule sur deux doigts
pour le conserver à l'abri de la lumière, de la chaleur et du froid excessifs. Il faut également préserver le caoutchouc du contact avec les corps gras (huiles, graisses, vaseline, paraffine), l'acide phénique, etc., qui le dissoudraient … " (Lip Tay, ouvrage de 1908 sur la préservation sexuelle).
 
Vers 1880, le premier préservatif en latex est produit mais il faudrait attendre les années 1930 pour que son utilisation se répande.
Préservatif 1880
     
Au début du 20ème siècle existait aussi un préservatif féminin "Le Pratique" qui connu un franc succès. Entre-temps disparu pour renaître en 1992 sous le nom de "Femidon".
Préservatif féminin du début du siècle
 
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